Des relations euro-africaines anciennes, plurielles et multi-dimensionnelles

Des relations euro-africaines anciennes, plurielles et multi-dimensionnelles

L’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) définissent leur collaboration à l’occasion des sommets trisannuels UE-UA, dont le dernier s’est tenu en février 2022. Dans ce premier cadre de coopération peut être retenue comme un tournant l’année 2007, où la Stratégie commune Afrique-UE intégra, en plus des objectifs de coopération et de développement, celui de « soutenir les aspirations de l’Afrique, désireuse de trouver des réponses transrégionales et continentales à certains défis cruciaux ». 

À cette principale stratégie s’ajoute l’accord de Samoa, qui succède à l’accord de Cotonou (2000) et qui s’applique depuis le premier janvier 2024 pour une durée de vingt ans. Comme le rappelle le site du Conseil européen, ces deux cadres globaux sont complétés par trois stratégies régionales à destination du Sahel, du golfe de Guinée et de la Corne d’Afrique. 

Si la coopération UE-UA porte sur quatre principaux domaines (le commerce, le développement, la sécurité et les migrations), le volet sécuritaire joue un rôle politique à part.  

Il est en effet celui où l’UA cherche plus particulièrement à affirmer son indépendance vis-à-vis de l’UE. C’est ce qu’illustre notamment le développement de sa propre conception des opérations de paix, au sein desquelles le recours à la force joue un rôle de premier plan. Un autre aspect de cette affirmation d’autonomie est le déploiement des soldats, tant dans le cadre de l’UA que dans celui des opérations eurafricaines et onusiennes. À noter par exemple que sur les dix premiers contributeurs de troupes aux opérations onusiennes, cinq sont africains (l’Éthiopie, le Rwanda, le Sénégal, le Ghana et le Nigéria). 

La collaboration UE-UA connait des axes d’amélioration conséquents. 

Une première limite est aujourd’hui d’ordre financière. L’UA reste en effet dépendante de l’UE, comme le montrent les différentes aides européennes, auxquelles comptent le montant des investissements décidé à l’occasion du Sommet 2022 UE-UA (cent-cinquante milliards d’euros) ou encore le Fonds fiduciaire d’urgence décidé lors du Sommet de La Valette en novembre 2015 (cinq milliards d’euros). 

Une deuxième limite est d’ordre politique. En effet, bien que l’UE soit le premier partenaire commercial de l’UA, nombreux sont les pays africains plaçant les États-Unis et la Chine comme des partenaires économiques plus importants que l’UE et les pays européens. Un des éléments explicatifs se situe dans « la nature des deux organisations » qui, bien qu’institutionnelles, sont dominées dans la pratique par quelques-uns de leurs États-membres. Ceci vient renforcer l’action que ces États peuvent avoir en parallèle du cadre UE-UA. C’est le cas par exemple de la France au Mali. En parallèle de la mission européenne, la France mena successivement l’opération Serval (2013-2014) et l’opération Barkhane (2014-2022). 

Cette donnée historique oblige, pour penser la coopération UE-UA, à intégrer à la réflexion les relations historiques qu’entretiennent les États européens avec les États africains. 

  • La relation franco-algérienne ou le moteur des relations euro-africaines

Pour des raisons géo-historiques et parce qu’elle illustre l’imbroglio des relations euro-africaines, la relation franco-algérienne est déterminante pour imaginer l’évolution de la coopération euro-africaine. 

La première raison est donc d’ordre géographique et historique. 

Sur le plan géographique, l’Algérie est, comme le rappelle Benjamin Stora, « la plus longue frontière entre l’Afrique et l’Europe » (mille-quatre-cents kilomètres de côtes). En découle un rôle décisif de l’Algérie sur les questions migratoires. Par ailleurs, du fait de sa taille et sa situation géographique, l’Algérie est également « la plus grande frontière saharienne », ce qui lui fait jouer un rôle unique sur le plan sécuritaire, a fortiori dans la lutte contre le terrorisme.

Sur le plan historique, la France est le pays de l’UE ayant eu le plus grand empire colonial en Afrique : 21 sur 54 pays africains, soit 38% du continent, sont d’anciennes colonies françaises. 

Une troisième donnée géo-historique tient à l’espace méditerranéen qui sépare les deux pays. Comme le rappelle Jean-Louis Levet, la Méditerranée est « un espace vital pour l’avenir des deux pays ». 

L’ensemble contribue à faire du duo franco-algérien un axe fondamental « pour la construction d’un espace méditerranéen de prospérité partagée » et plus largement, un axe déterminant pour « des relations de partenariat avec l’Afrique » ; à l’image du duo franco-allemand dans le cadre des relations européennes.

La deuxième raison est d’ordre mémorielle. 

La guerre d’Algérie (1954-1962) marqua profondément les relations franco-algériennes. Sa violence courut jusqu’au 5 juillet 1962. Alors que l’Algérie fête officiellement son indépendance, la manifestation d’Oran plonge le pays dans ce qui est resté la journée la plus meurtrière du conflit : la « chasse à l’Européen » débouche sur la mort ou la disparition de près de six-cent Européens et d’une centaine d’Algériens. 

Cette violence évolua dans sa forme et dans l’espace. Entre avril et septembre 1962, 650 000 pieds-noirs arrivent à Marseille avec l’accueil cité en introduction. Aux propos de Gaston Defferre, déclarant en substance que sa ville était « la poubelle de l’histoire », s’ajoutent les banderoles de la CGT accueillant les pieds-noirs dans le port marseillais avec des slogans tels que « Les pieds-noirs à la mer » ou « Retournez dans votre pays ».

L’accueil des harkis, qui suit chronologiquement celui des pieds-noirs, peut être considéré comme « pire ». S’il se fait en silence, les harkis sont soumis pour leur part à « un régime quasi-carcéral » : une vie dans les camps de 1962 à 1975, un couvre-feu à 22h, un accès aux douches limité à une fois par semaine, etc. 

Tout ceci laisse des traces, comme l’illustre le match de football du 6 octobre 2001, opposant les équipes séniors des deux pays. Les débordements du match, dont les principaux sont la Marseille sifflée et l’envahissement du terrain par des supporters algériens, portent à voir plusieurs problématiques auxquelles la France est confrontée, dont « le sujet de l’intégration ».

Néanmoins, c’est moins la guerre d’Algérie en tant que telle mais davantage la période coloniale de cent-trente ans à laquelle elle met fin, qui est source de conflit mémoriel. 

À ce titre, peut être citée côté algérien la demande d’excuse formulée par le président Abdelaziz Bouteflika dès 2006. Ceci s’explique principalement par l’instrumentalisation par le FLN de la guerre d’Algérie, qui reste aujourd’hui son « principal réservoir de légitimité ». Le mouvement parle de « révolution » et promeut « une culture de la guerre » dans le but d’unifier le peuple algérien derrière lui. La relation franco-algérienne est la première à en pâtir. 

Côté français, le conflit mémoriel se traduit par différentes décisions politiques allant du traité d’amitié (avorté) proposé par le président Jacques Chirac ; à la polémique qui suivit le déplacement du candidat Macron, durant lequel il qualifia la colonisation française en Algérie de « crime contre l’humanité » (février 2017). 

  • La relation belgo-congolaise, un exemple de lecture morale du passé colonial

Le Congo est sous domination belge de 1885, année de la conférence de Berlin, à 1960, année de son indépendance, soit une période au total de soixante-quinze ans.  

Un tournant s’opère en 1908 où le roi Léopold II lègue à l’État belge, la gestion de la pièce maitresse de l’empire colonial belge en Afrique. Ce choix politique est majeur pour plusieurs raisons. 

La première concerne le quotidien des Congolais. L’administration belge instaure en effet une domination « beaucoup moins brutale ». Le système monarchique était connu pour sa violence et critiqué à l’étranger, notamment aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Peuvent être cités à ce titre la campagne initiée en Grande-Bretagne par Edmund Dene Morel, qui aurait contribué à la décision de Léopold II, ou encore des ouvrages dont les plus connus sont Heart of darkness (1899) de Joseph Conrad et plus récemment, Les fantômes du roi Léopold : un holocauste oublié d’Adam Hochschild (1998). Ce dernier se basa sur les observations laissées par les coloniaux belges pour estimer à 50% l’effondrement numérique de la population congolaise entre 1880 et 1920, qui serait passée de vingt à dix millions d’individus. Les causes sont celles rapportées par les livres d’histoire français portant sur la Traite négrière à savoir les conditions de travail (causant la faim et l’épuisement), les épidémies et également les tueries et les déportations. 

La deuxième concerne la lecture faite par les Belges de leur passé colonial. En transmettant la gestion du Congo à l’administration belge, le choix de Léopold II peut être lu comme une reconnaissance de sa responsabilité, en tant que roi belge, du traitement déshumanisant reproché à la Belgique pour la période 1885-1908. Les critiques formulées venaient en effet faire tomber l’objectif affiché par le roi à la conférence de Berlin lors de laquelle il avait utilisé « l’argument de la lutte contre le trafic d’esclaves afin de justifier ses prétentions à diriger le Congo ». 

A la suite de la reconnaissance par le roi lui-même de sa responsabilité dans l’action coloniale, jugée inhumaine, vis-à-vis de la population congolaise, la Belgique n’a cessé de formuler des excuses, ou plus précisément des « regrets », au Congo, dans des contextes plus ou moins adéquats. 

Un exemple probant est le meurtre de Patrice Lumumba en 1961. Nous sommes un an après l’indépendance officielle du Congo, au sein de laquelle Patrice Lumumba a joué un rôle de premier plan puisqu’il dirigeait le Mouvement national congolais, un des mouvements autonomistes clés. En 1960, Patrice Lumumba est nommé Premier ministre du Congo. En 1961, il est enlevé et assassiné. Prend le pouvoir le maréchal Mobutu, qui instaure une dictature dès 1965. 

S’il est admis que l’assassinat de Patrice Lumumba est de la responsabilité du maréchal Mobutu (soutenu par les troupes sécessionnistes de la région de Katanga), l’ouvrage Le meurtre de Lumumba (1999) de l’historien belge Ludo De Witte accuse les autorités belges d’avoir joué un rôle « ambigu » dans le meurtre de Patrice Lumumba. Ceci semble avoir ravivé instantanément les fantômes du passé belge. En effet, le Parlement belge décide d’une commission d’enquête pour déterminer le rôle de la Belgique dans le meurtre de Patrice Lumumba. Le rapport conclut à « la responsabilité morale » de la Belgique dans ce meurtre (2002). En réaction, Louis Michel, alors ministre des Affaires étrangères présente ses « profonds et sincères regrets » au gouvernement congolais ; puis ses « excuses » à la famille de Patrice Lumumba et également, au peuple congolais. 

Ceci débouche également sur des aspects positifs. Le principal est le renforcement des cours portant sur la période coloniale donnés aux élèves belges. 

Caroline Désir, ministre de l’Éducation de la Fédération de Wallonie-Bruxelles, rendit obligatoire les cours sur la colonisation. Si les écoles de Flandre en sont exemptées et que la mesure ne s’appliquera qu’à partir de la rentrée 2026, force est de constater que cette décision politique entraina une volonté collective de transmettre aux enfants belges la réalité historique de la période coloniale. C’est ce qu’illustre notamment la décision de l’Africa Museum de mettre en place des ateliers spécifiques pour accueillir les publics scolaires. 

L’État belge, à travers sa figure royale, n’a pas fini de « regretter » son passé colonial. Lors de son déplacement de 2022 au Congo, le roi Philippe réitéra ses « profonds regrets » pour un « régime colonial » basé sur « l’exploitation » et « le racisme » (08/06/2022). 

A noter que le lien entre colonialisme et racisme est fait par une partie des universitaires dont Albert Memmi, considéré comme une des figures de la pensée coloniale francophone. Pour Memmi, colonialisme et racisme sont liés dans leur essence : « Le racisme résume et symbolise la relation fondamentale qui unit colonialiste et colonisé ».

De la même manière, les ouvrages écrits par des belges portant sur la période coloniale belge n’ont pas fini de susciter la polémique. En témoigne également celle vécue par Georges Rémi, dit Hergé, pour sa bande-dessinée Tintin au Congo (1931). 

La bande dessinée vendue à 10 millions d’exemplaires dû affronter bien des épreuves pour arriver jusqu’à nous. 

À la fin des années 1940, son éditeur Casterman lui impose une première modification relative à la leçon dispensée par Tintin aux élèves congolais. Le cours de géographie, de présentation de la Belgique, est remplacé par un cours de calcul. Hergé écrit alors à son éditeur : « Tout ce que vous faites là, c’est pour complaire non pas aux noirs d’Afrique, qui ne demandent rien, mais pour complaire à la gauche occidentale bien-pensante ».

À l’indépendance du Congo, en 1960, son éditeur Casterman met en pause la réédition de cet ouvrage. « L’album n’est plus disponible dans les librairies, et le titre de l’ouvrage n’est plus mentionné dans la liste des aventures de Tintin ». Il est finalement republié mais doit s’adapter aux demandes nationales. Dans les pays scandinaves par exemple, Hergé doit remplacer la scène où le rhinocéros est explosé à la dynamique, par une scène où l’animal « repart paisiblement ». Hergé fait alors ces adaptations pour des raisons commerciales.

En 2010 encore, un citoyen belge a demandé l’interdiction de vente de l’album, soutenu par le Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN). L’album en question est alors qualifié de « raciste et xénophobe ». Le Tribunal de Première instance de Bruxelles déboute les plaignants de leurs demandes en déclarant que Casterman et Moulinsart ne s’étaient pas rendues coupables d’infraction à loi belge de 1981, visant à réprimer certains actes inspirés par le racisme et la xénophobie.

  • La relation italo-libyenne, un exemple où la collaboration économique a pris le dessus

L’histoire italo-libyenne a deux particularités. 

La première est d’avoir commencé après la conférence de Berlin. L’occupation italienne de la Libye commence en effet en 1911. 

La seconde tient aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale. Avant celle-ci, en 1930, le régime de Mussolini décide de reprendre la colonisation de la Libye, qui s’était arrêtée aux côtes. La période 1930-1931 est alors l’une des plus noires de la période coloniale italienne en Lybie : « 16 camps de concentration sont construits ; 270 km de barbelés sont déployés entre la Lybie et l’Égypte pour empêcher la fuite des Libyens ; torture de tout type, viols, décapitations, exécutions sont perpétrés contre la population ». À cela s’ajoute la pendaison en 1931 d’Omar al-Muktar, leader des forces rebelles, considéré depuis par les Libyens comme le héros national de la guerre contre l’Italie. La Libye devient totalement une colonie italienne en 1934. 

En 1943, la Libye passe sous occupation britannique, à la suite de son invasion par les Alliés. Ce n’est qu’avec le Traité de Paris (10 février 1947) que l’Italie renonce à ses droits sur le pays.

La Libye devient indépendante en 1951.

La Libye et l’Italie ont signé trois accords majeurs à travers leur histoire, dont le contenu a pris des formes similaires. 

L’accord de 1956 (2 octobre) permet aux vingt-sept-mille Italiens vivant en Libye de continuer à vivre en Libye, la majorité d’entre eux étant propriétaires d’exploitations agricoles. En échange, l’Italie verse 2 750 000 lires de dommages de guerre à son ancienne colonie. 

Mais à son arrivée au pouvoir en 1969, le général Kadhafi fait exploser l’accord et expulse les italiens de Libye. 

L’Italie signe un second accord avec la Libye, en 1998. La Libye obtient l’officialisation de la fin de l’accord de 1956, le déminage, la restitution des œuvres d’art et l’engagement de Rome à « un « geste » de réparation pour les années de colonialisme ».

L’Italie obtient en échange un engagement libyen à une plus grande coopération économique, la liberté d’entrée sur son territoire et « le paiement de la dette revendiquée par quelque cent entreprises italiennes auprès du régime ». Une nouvelle fois, seule l’Italie respectera l’accord.

Du fait de ses intérêts en Libye, énergétiques et migratoires, l’Italie persiste et signe un troisième accord avec la Libye en 2008 (30 août). La Libye obtient une compensation de 5 milliards de dollars au titre de la période coloniale (250 millions/an pendant vingt ans) et la restitution de la Vénus de Cyrène du IIème siècle après J.-C.

L’Italie obtient un engagement de Tripoli sur la question migratoire, qui se traduit notamment par « l’application de l’accord de décembre 2007 sur les patrouilles conjointes au large des côtes libyenne », une reconnaissance par la Libye de sa dette vis-à-vis des entreprises italiennes et également une collaboration en matière énergétique.

Si l’Italie a su envers et contre tout préserver ses intérêts en Libye, à commencer sur le plan énergétique et sur celui migratoire, l’intérêt de ces accords est plus solide côté libyen. 

En effet, en obtenant pour son pays, au bout de quarante ans de contentieux, le versement d’une « compensation » de son ancien colonisateur, le Guide libyen a renforcé son rôle recherché de leader des pays ex-colonisés. Celui lui a permis de « se poser en modèle pour les négociations à venir entre ex-colonisés et ex-colonisateurs ». Ceci s’inscrivait dans le prolongement de la politique nationaliste et pan-arabe menée par Kadhafi depuis 1969, visant à fédérer les autres États arabes de la région derrière lui. Le général multiplia les mesures dans ce sens, comme l’expulsion précitée des italiens de Libye, ou encore le passage à une éducation nationale arabisée jusqu’à l’inclusion de la loi coranique (1971). 

Du fait des orientations politiques prises par le régime de Kadhafi, la collaboration italo-libyenne joue un rôle déterminant dans les relations qu’entretiennent l’UE et les pays arabo-musulmans. Ceci renforce le rôle-pivot de la relation italo-libyenne pour les questions migratoires et sécuritaires et derrière, l’intérêt à agir de l’UE dans la dégradation continue du pays depuis la mort de Kadhafi. 

  • La relation allemande-namibienne : un exemple d’amnésie coloniale 

Jusqu’aux années 1990, l’Allemagne a considéré n’être pas concernée par les débats sur la (dé)colonisation, considérant par là-même être légitime comme « médiateur entre pays africains et pays européens ». 

La principale raison avancée par les dirigeants allemands, soutenus par la minimisation des historiens, était la brièveté de l’empire colonial allemand. Celui-ci ne dura que trente-quatre ans, de la conférence de Berlin (1884) au traité de Versailles (1918) où l’Allemagne est dépossédée de toutes ses colonies. 

Si l’empire colonial allemand n’a duré que trente-quatre ans, il n’en demeure pas moins qu’il fut sur cette période « le quatrième au monde au regard de sa superficie et le cinquième au monde à son nombre d’habitants ». 

A cela s’ajoutent les violences commises par l’Allemagne sur ses colonies, argument qui est du moins utilisé par les Alliés qui reprochèrent aux Allemands « la cruauté de leur administration coloniale » pour s’approprier ses colonies en 1918. 

Si l’usage de la violence n’est pas une particularité de l’action coloniale allemande, cette dernière se distingue par une période particulière, qui dura quatre ans : les années 1904-1908. Sur cette période, l’Allemagne mena la guerre en Namibie contre les Herero et les Namas qui « se distingue par son caractère ouvertement génocidaire ». Est prise en référence la définition donnée par la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1948. 

« L’amnésie » allemande prend ses racines dans la construction-même de son empire colonial. En effet, lorsque l’empire allemand d’Otto von Bismarck entame sa politique coloniale, en 1884, ses possessions sont toutes des protectorats (Schutzgebiet). Puis l’Allemagne crée ses premières « colonies », c’est-à-dire « des unités territoriales dépendantes politiquement » d’elle, tout en continuant de les nommer « protectorat » et ce, malgré « la création officielle de l’Office colonial du Reich en 1907 ».

Un deuxième élément explicatif à cette amnésie allemande est l’action de l’Allemagne nazie pendant la Seconde guerre mondiale. L’Allemagne opéra ensuite une forme de « sélectivité » de sa mémoire nationale, les « atrocités commises par l’Allemagne nazie éclipsant toute référence à la pratique coloniale ». Par ailleurs, l’Holocauste devint « le point de référence incontournable de toute conception de l’Histoire de l’Allemagne », ce qui orienta le débat allemand portant sur le passé colonial sur la question du génocide. 

Un troisième élément explicatif à cette amnésie allemande tient aux liens historiques existant entre le génocide namibien et l’Holocauste. Lorsqu’en janvier 1908 Guillaume II décide de fermer les camps retenant les Herero et les Namas, émerge Eugen Fischer, père de l’anthropologie génétique allemande. Sa thèse est que le peuple allemand est menacé de « dégénérescence » du fait des « mélanges » opérés entre « races », notamment en Namibie. Il vient donc réaliser des expérimentations médicales, sur les cadavres. Or, « ses travaux sont considérés comme une source de l’idéologie nazie » et son principal disciple n’est autre que Josef Mengele, médecin d’Auschwitz. Si ce lien survint à la fin du génocide namibien, il le relie malgré tout à l’Holocauste, ce qui, à ce stade du processus mémoriel, n’est pas assumable par l’Allemagne.

Le chemin parcouru par l’Allemagne peut être considéré comme exemplaire en termes de pratique mémorielle. Dès sa création en 1949, l’État ouest-allemand se présente comme le successeur légal du Reich, ce qui implique de porter la responsabilité du passé. 

Si les dirigeants politiques ont mis longtemps à dépasser le stade des « regrets » de leur passé colonial, y compris à l’occasion du centenaire du génocide namibien en 2004, l’Allemagne a progressé vers une reconnaissance de son action génocidaire. Deux étapes majeures peuvent être retenues à ce titre. 

La première est le discours d’Heidemarie Wieczorek-Zeul, ministre SPD du Développement et de la coopération économique, en 2004. Son discours du 11 août 2004 illustre son « courage personnel », bien que la décision d’indemnisation qu’elle annonça six mois plus tard fut très mal reçue, du fait de la non-consultation de la Namibie et du décalage avec le montant exigé par celle-ci.  

Un autre cap est franchi en mai 2016, cette fois-ci par le parlement allemand. Il adopte une résolution sur l’Arménie « qui s’avère être la plus embarrassante de toute l’histoire des relations germano-turques », le gouvernement turc refusant toujours de reconnaitre le « génocide » arménien. La relation qu’entretient l’Allemagne avec la Turquie est unique, ce qu’illustre notamment son immigration, à majorité turque. Aussi, pour apaiser cette décision politique, l’Allemagne décida de parler de « co-responsabilité » de l’Allemagne dans le génocide arménien, l’argument étant que le gouvernement allemand en avait connaissance mais n’était pas intervenu. Ce second cap ouvrit la porte à la reconnaissance allemande du génocide namibien et déboucha en 2018 sur le discours du ministre des Affaires étrangères Heiko Maas qui employa pour la première fois le terme de « génocide » et annonça une enveloppe d’un milliard d’euros au titre de réparations. 

  • La relation hispano-sahraoui, un exemple de relation coloniale méconnue

Le Sahara occidental est une colonie espagnole de 1884 à 1975, soit une période de quatre-vingt-onze ans. Plus précisément, il est une colonie espagnole (1884-1958), puis une « province » espagnole (1958-1975). Pour autant, ce presque-siècle est peu documenté. En effet, les ouvrages de sciences humaines et sociales existants relèvent d’analyses du conflit, débuté en 1975 et uniquement « sous l’angle des relations internationales et du droit international », ce qui exclut la période coloniale.  

Ce manque nuit considérablement au Sahara occidental, a minima pour deux raisons. La première est la méconnaissance du conflit, qui continue de courir 54 ans plus tard. La seconde est que ce manque entretient un retard en matière de mémoire coloniale, puisque les témoignages des anciens colonisateurs et colonisés sont peu voire pas recueillis. 

La recherche historique portant sur la colonisation espagnole du Sahara occidental (alors appelé « Sahara espagnol ») relève principalement de « l’histoire évènementielle » ; à ce titre elle se contente de répertorier « les faits politiques et militaires marquants du point de vue du projet colonial espagnol ». Les travaux font néanmoins l’impasse de toute analyse des rapports entre colonisateurs et colonisés. 

Pour combler ce manque, irréversible dans le cas de la mémoire, un groupe de chercheurs à dominance espagnole a mené des travaux de 2008 à 2011, financé via un appel d’offres publié par le ministère espagnol de la Science et de l’Éducation. Leur objectif était de produire une analyse approfondie de la période coloniale espagnole au Sahara occidental. 

Leurs travaux s’organisèrent en trois parties : la réalité socio-historique du peuple sahraoui ; une approche d’économie politique du colonialisme et enfin la construction de l’histoire du Sahara occidental ainsi que les mémoires du peuple sahraoui. 

Ces travaux constituent une première pierre d’analyse approfondie de la période coloniale espagnole au Sahara occidental. 

Le Sahara espagnol est marqué par le franquisme (1936-1975), qui couvre près de la moitié de la période coloniale espagnole. 

Cette période a ses parts d’ombre et de lumière. 

L’aspect qui est sans doute celui le plus négatif retenu par l’histoire est l’occupation illégale par l’Espagne du Sahara occidental de 1966 à 1975. En 1960, l’ONU adopte sa célèbre résolution 1 514 qui reconnait le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Trois ans plus tard, en 1963, l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) adopte sa charte dont l’un des articles engage ses membres à « respecter l’intangibilité des frontières coloniales ».

A partir de 1966, l’ONU et l’OUA demandent à l’Espagne franquiste de quitter le territoire sahraoui, afin de permettre aux sahraouis d’accéder à la procédure d’autodétermination de l’ONU. Il faut attendre la mort du général Franco en 1975 pour que l’Espagne évacue le Sahara, après 9 ans d’occupation illégale – sur le plan du droit international. 

Du point de vue des sahraouis, un des aspects positifs tient à la stabilité politique du pays sur la période franquiste. « Comme l’affirment de nombreux Sahraouis âgés, c’est en effet pendant cette période que le gouvernement espagnol – à savoir le régime de Franco – maintint éloignés ceux qui devinrent ensuite les ennemis d’aujourd’hui, c’est-à-dire les Marocains ». La lecture des témoignages demande un certain recul historique mais force est de constater que depuis la mort de Franco et donc du départ espagnol, le Sahara occidental est plongé dans un conflit dont l’issue n’est pas encore visible. 

Depuis, l’Espagne est restée en retrait du confit sahraoui ; jusqu’en 2022 où elle s’est rapprochée du Maroc sur la question sahraoui, mais uniquement pour défendre ses intérêts sécuritaires ; puisqu’il s’agissait pour elle de défaire la crispation diplomatique développée un an plus tôt avec le Maroc et qui avait conduit ce dernier à des représailles migratoires. En effet, l’Espagne accueillit et soigna du covid Brahim Gali, chef du Polisario (qui milite pour l’indépendance du Sahara occidental depuis 1975). En réponse, le Maroc déclencha une arrivée massive de migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta. 

Si l’ONU a multiplié les résolutions pour condamner l’occupation marocaine du Sahara occidental, considérée à son tour comme illégale, les pays ont très largement limité leur participation « individuelle » au conflit. 

La dernière participation européenne est celle de la France en 1957. Elle fut permise par la réintégration de l’Espagne franquiste à la communauté internationale (1955). À cette date, la France et l’Espagne lancent une opération commune, l’opération Écouvillon, qui vise à « mettre un terme à l’insurrection » menée par le Maroc via son Armée de Libération du Maroc du Sud (ALM).

Quant aux pays voisins du Maroc et du Sahara occidental, les interventions n’ont été qu’instrumentalisation en réponse à leurs intérêts nationaux. Peut être noté à ce titre le cas de l’Algérie, qui a fait du conflit « un véritable enjeu de politique intérieure », les généraux l’utilisant comme objet de consolidation de leur pouvoir par « une surenchère nationaliste ».

Un autre cas est celui de la Mauritanie. À son départ en 1975, l’Espagne sépara le Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie : c’est le traité de Madrid du 14 novembre 1975. Si celui a été immédiatement condamné par le Conseil de sécurité de l’ONU (résolution n°380), les deux pays prirent leurs quartiers au Sahara occidental, ou du moins essayèrent puisque les troupes mauritaniennes durent battre en retrait face au front Polisario, en 1978. 

  • La relation ibéro-mozambicaine, un record de longévité 

Parmi les anciennes puissances coloniales européennes, le Portugal occupe une place à part. Chronologiquement, le Portugal est « le premier État européen à s’être lancé sur les côtes africaines ». 

Matériellement, la colonisation portugaise « pouvait se vanter d’être la championne des colonisations européennes » car la première à pratiquer ce qui est devenu la nature des activités coloniales, à savoir « trafiquer », « s’y installer » et « évangéliser ».

Sur le continent africain, le Mozambique occupe lui aussi une place à part puisqu’il est « l’un des derniers pays d’Afrique à avoir été décolonisé ». Le Mozambique fête son indépendance pour la première fois le 25 juin 1975. 

La présence portugaise au Mozambique était alors « ininterrompue depuis le XVème siècle », soit 500 ans d’occupation. L’intérêt du Portugal pour le Mozambique est, dès ses débuts, de nature purement économique : le Mozambique lui fournit de la main d’œuvre qui part principalement pour sa colonie brésilienne. 

Sur les 500 ans de colonisation, l’occupation portugaise a beaucoup évolué. Au XIXème siècle, la situation devient compliquée pour le Portugal.

Une première raison est le maintien par le Portugal de son objectif d’unification du Mozambique. Or, encore aujourd’hui, le pays est connu pour « les divisions ethniques le caractérisant ». Ceci contribua à de multiples conflits entre le Portugal et les populations locales, qui en plus d’être meurtriers, ralentirent la puissance ibérique dans sa visée d’exploitation du territoire. 

Une deuxième raison est une baisse conséquente du « patronage » (padroado en portugais), c’est-à-dire des « engagements mutuels » pris entre la papauté et la couronne portugaise. Le patronage portugais remonte au XVème siècle. Au XIXème siècle, la prééminence du souverain dans les relations coloniales, notamment avec le Mozambique, connait une critique montante ; ce qui pousse la papauté à prendre du recul dans les actions missionnaires, considérant qu’à travers la critique faite à la couronne portugaise, c’était la légitimation de « la colonisation par l’Église » qui était fragilisée.

Une troisième raison est le manque de moyens du Portugal. S’il reste « à la fin du XIXème siècle une grande puissance coloniale », le Portugal est, surtout lorsqu’il est rapporté aux territoires dont il se dit le colon, « peu peuplé, pauvre, empêtré dans la gestion d’un déficit chronique de ses dépenses publiques ». Le tout fait qu’il n’a « pas les moyens d’une politique coloniale d’occupation et de mise en valeur des ressources naturelles ». 

Une quatrième raison est le conflit qui l’oppose à l’Angleterre tout au long des années 1880. Ce conflit porta principalement sur le Congo, que le Portugal convoitait pour réunir ses deux colonies, le Mozambique et l’Angola. La signature, postérieure à la Conférence de Berlin, d’un accord délimitant les frontières (20 août 1890) illustre l’importance qu’avait pris le conflit.

S’il a le record de longévité, c’est que le Portugal est parvenu à surmonter tout ou partie de ces difficultés. C’est notamment pour palier son manque de moyens que le Portugal mit en place des « Compagnies à charte », c’est-à-dire des « structures de droit privé, fonctionnant avec des capitaux exclusivement privés mais jouissant d’une partie des prérogatives régaliennes », auxquelles comptait le prélèvement de l’impôt. En contrepartie, ces compagnies avaient la charge de développer les infrastructures (routières, ferroviaires, portuaires) et également les écoles et les hôpitaux. La première fut la Compagnie de Niassa.

La colonisation portugaise connut des violences similaires à celles des autres colonisations européennes. Vis-à-vis des mozambicains, peuvent notamment être notées « les pratiques du travail forcé et les formes esclavagistes ». 

Puis, comme d’autres pays africains, le Mozambique a connu une guerre d’indépendance longue et brutale. Elle fait soixante-trois-mille-cinq-cents morts et s’étend sur dix ans (1964-1974). En comparaison, elle est plus longue de trois ans que celle d’Algérie et elle représente 25% des pertes causées par celle-ci (250 000 morts). 

En conclusion de cette première partie, plusieurs points communs aux colonisations européennes en Afrique peuvent être relevés. 

Le premier est leur longueur, à l’exception des États européens défaits lors des deux guerres mondiales (Allemagne et Italie). 

Le deuxième est la nature de leurs activité : missionnaires, économiques, logistiques.

Le troisième est leur brutalité, compte tenu des violences de différents types sur les populations africaines. 

Tout ceci tient au fait que les États européens étaient déjà constitués comme des États-nation. Comme l’explique Friedrich List, « un État-nation viable exigeait la possession de colonies comme aires d’émigration, comme sources de matières premières et comme marchés ».

Le quatrième point commun tient à la douleur suscitée par le processus mémoriel, des deux bords de la Méditerranée. Comme l’explique Marie-Bénédicte Dembour, nous sommes passés « en quelques décennies d’un contexte idéologique où dominait l’apologie de l’œuvre coloniale à un contexte qui s’y oppose de manière systématique ». C’est ce passage d’une idéologie à l’autre, d’un extrême à l’autre, qu’il s’agit de comprendre afin d’y apporter une réponse permettant le développement d’une relation euro-africaine apaisée et équilibrée.

Bibliographie

Articles universitaires

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Articles de presse

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STEVIS-GRIDNEFF Matina, The New-York Times, « African and European leaders meet against backdrop of enduring problems”, 17.02.2022.

Ouvrages 

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Rapports

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VEDRINE Hubert, « Un partenariat pour l’avenir : 15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l’Afrique et la France », rapport au ministre de l’Économie et des Finances, décembre 2013.

Reportages scientifiques

ARTE, “France-Algérie, une affaire de famille », 18/03/2022.

Sites web 

https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/eu-africa/